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17 octobre 2011

Avec les damnés

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Perpignan, une terrasse de café un jeudi après-midi. Accoudé à une table, Balbino Medellin, crâne rasé, lunettes noires et tatouages sur les bras nous a parlé poésie, musique et état du monde…

Après «Gitan de Paname» (2006), «le Soleil et l’Ouvrier» (2008) et le succès de son hymne à la ville qui l’a vu grandir, «Perpignan», Balbino vient présenter son troisième album, «Evangiles sauvages».  Rencontre avec un artiste qui, loin de se prendre pour un messie, a quand même quelques belles (et amères) déclarations à faire sur son époque.  Autant prévenir: ça fait mal!  

viewerBonne nouvelle: l’album est produit par un ami et artiste respecté, Bernard Lavilliers, celui-là même  qui  lui avait mis le pied à l’étrier au Grand Rex à Paris en interprétant avec lui son classique «Les Mains d’Or». Ce n’est pas un hasard, la plume de Balbino partage avec celle de son aîné le goût des histoires d’amour, des femmes, de loubards cabossés et des combats de veine prolétaire,… Evangiles Sauvages? L’artiste s’explique: «C’est le terme que j’ai trouvé pour désigner tous les préceptes qu’on a imposés à ma génération: l’individualisme, le productivisme, la consommation de masse, le mépris du plus faible, de la culture populaire,… Dans la Bible, les évangiles sont de bonnes nouvelles. Les miennes sont de moins bon augure… ». Pas de doute, Balbino n’a pas oublié d’où il vient et a toujours la rage tatouée au fond du cœur.

Aux tripes…

Le premier titre de l’album, «Evangiles», donne le ton. Un premier coup porté aux tripes par la voix rocailleuse inimitable du «gitan de Paname»: «Notre père qui êtes aux cieux Je n’ai pas vu beaucoup d’anges sur le quai des métros, RER Des lobotomies par centaine, de la haine Notre seul pêché fut-il de naitre?» Sur «Evangiles sauvages», l’artiste à troqué l’écriture réaliste de ses deux premiers disques, les récits de vie intimistes, contre des textes à la poésie plus libre, plus ample, marquant au passage son admiration pour le poète Bukowski, à qui il dédit le 3ème titre de l’album. «Avec Evangiles sauvages, j’avais envie d’une vue d’ensemble. J’essaye de m’oublier pour me tourner d’avantage vers les gens, partager ma vision d’une époque qu’on se prend tous en pleine gueule!». Pour preuve, la chanson  «génération»:  «Ma génération a pris au squale, L’appétit, le gout du sang, Au calibre automatique, la pluie de balles Qui ne touche que l’innocent Mais rien aux martyrs, aux rêveurs solidaires Rien aux dissidents plus de dignité mais des dignitaires». 

Mais avec Balbino, pas question de se la jouer donneur de leçon. «Les chanteurs petits bourgeois, ça énervait déjà mes parents quand ils rentraient du travail, les mecs qui te disent pour qui aller voter, comment t’habiller ou sauver la planète.» L’engagement est là, entre les lignes de «Plus rien n’est rouge», dans l’ errance «Des pas» ou sur les envolées sentimentales d’un trader avec «le Prix». Pour autant, Balbino refuse l’étiquette engagé: «Je ne risque pas ma vie quand je fais mes chansons. Lluis Llach était un chanteur engagé. Pour ses idées, il a du quitter l’Espagne franquiste et prenait des coups de bâton quand il voulait chanter son Estaca.» Très humble et lucide sur son métier, Balbino ne revendique qu’un devoir, celui de pointer du doigt. «Mon seul pouvoir, c’est d’être là pour dire: regardez, on est pas seuls. On est un paquet à vivre la même chose. La société actuelle fait que nous sommes de plus en plus isolés, nous sommes des millions de solitudes. En partageant mon vécu, j’ai juste envie, à mon niveau, de nous remettre en relation.»  

 Epoque électriquebalbino4

Sur la route menant à ces «Evangiles sauvages», la musique de Balbino a pris un virage à 180 degrés et nous dévoile une autre facette de l’artiste. Les accordéons de bal musette et balades acoustique des précédents albums ont laissé la place à une formation plus électrique et plus étoffée:  guitares électriques, basses et batterie. «Une musique plus nerveuse imposée par l’époque, elle aussi plus dure et plus violente.» Le rock incisif de «Génération» devient animal sur «Des Corps », glam dans «Mec à l’ancienne» ou plus chaloupé lorsque Balbino s’adresse à sa prochaine progéniture sur « Ne me ressemble pas». Pour la réalisation et le jeu instrumental, l’artiste s’est offert la participation d’Alice Botté, guitariste partenaire de Bashung, Christophe ou Daniel Darc dans le passé. Quatre titres à quatre mains et l’incursion de Barbee, partenaire de Botté dans leur duo Berline, dans le refrain de «Bukowski». Enfin, toujours fidèle à ses origines Catalanes, Balbino a invité Cali, l’autre enfant du pays, pour une superbe reprise rock alternatif de «L’Estaca». Un hymne à la liberté que se devait de chanter un artiste épousant depuis toujours la cause des humbles, de cette partie oubliée de peuple...  Avec les damnés disait le poète.

Parallèlement à la sortie de l’album, Balbino publie son premier recueil de poèmes, également intitulé «Evangiles Sauvages». L’occasion de se plonger dans l’écriture à fleur de peau d’un bel artiste en devenir. Pour l’heure une seule date à retenir: le 10 novembre prochain, date du premier concert de la tournée 2011 de Balbino, au Palais des Congrès de… Perpignan, bien sûr.

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