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13 septembre 2011

Fable noire

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Cinéma. «Pa Negre» («Pain Noir») de Agustí Villaronga.  

Résumé: en Catalogne, les années qui suivent la guerre civile en Espagne, marquées par la violence, et vues à travers les yeux d'un petit garçon de 10 ans dont le père est injustement accusé de meurtre par le gouvernement franquiste. L’enfant pénètre dès lors un monde d’adultes fait de vices et de mensonges.

 La scène d’ouverture donne le ton: d’une brutalité et d’une froideur  terrible,  Agustí Villaronga  n’est pas là pour arrondir les angles et construit tout au long des 1h48 que dure le film, une atmosphère à fois pesante et voilée de mystère(s). Le climat difficile de  l'après-guerre civile en Espagne sert de toile de fond à un drame noir sans concession, ou les secrets enfouis d’un petit village de Catalogne vont peu à peu ressurgir à travers le regard du jeune Andreu. Le réalisateur laisse en retrait l’analyse historique et politique de l’époque (sans doute afin d’éviter tout manichéisme sur la dureté évidente de ces années) pour s’attacher d‘avantage aux cheminements psychologiques complexes et ambigus de ses personnages.

painnoirSergi Lopez, malgré une présence à l’écran assez minime, est parfait dans son rôle de maire du village et  nous remémore ce personnage tyrannique, un capitaine de l’armée franquiste, qu’il campait dans cet autre très bon film qu’est «Le labyrinthe de Pan». Mais dans «Pain noir», la performance va sans aucun doute au jeune Francesc Colomer, Goya 2011 de la meilleure révélation masculine, tout simplement époustouflant. Le portrait troublant d’un enfant qui, pris dans un engrenage qui le dépasse, va peu à peu se forger un carapace pour survivre. Tiraillé entre moments de douleur, de violence et instants de liberté ou de révolte, son personnage exprime avec force la poésie de l’enfance confrontée à toute la noirceur du monde adulte. La relation aux parents, la sexualité, la violence, le rapport à l’autorité, le mensonge, la trahison,…la fresque de sentiments et de situations abordées est vaste mais le jeune acteur est toujours juste dans son jeu et dans son regard. Sur son chemin, l’enfant trouve un compagnon d’infortune en la personne de Núria, sa cousine un peu dérangée, campée par Marina Comas (Goya 2011 de la meilleure révélation féminine), elle aussi victime d’un monde qui veut la faire grandir trop vite et qu’elle va tenter de combattre à sa manière.

 

Avec Pan Negre, Agustí Villaronga signe là une œuvre magnifiquement tragique et rafle pas moins de 9 Goya (équivalent espagnol de nos César français): meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario adapté, meilleure photographie, meilleurs décors, meilleure actrice, meilleur second rôle féminin, plus les deux autres précédemment cités. Une belle claque et une performance méritée!

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