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15 mars 2012

La Françafrique, tu l’aimes ou on la quitte ?

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Conférence. Ou comment depuis les indépendances, la France refuse de sortir des logiques néo-colonialistes de la « Françafrique ».

Alors qu’on rendait hommage dimanche dernier aux quelque 20 000 personnes disparues lors de la tragédie de Fukushima au Japon, vendredi soir à l’université de Perpignan, se tenait une conférence-débat sur le thème du nucléaire français en Afrique.

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Organisée dans le cadre de la semaine pour l’environnement, la discussion était animée par Nicolas Charbonneau, membre du collectif Energie citoyenne et de l’association Survie. Le débat empruntait son intitulé à l’ouvrage de Raphaël Granada : « Areva en Afrique, la face cachée du nucléaire français. » L’exposé fut suivi de la projection de deux courts-métrages sur la situation récente du Burkina Faso,  pays dont les populations se dirigent aujourd’hui doucement vers l’Agro écologie. Ou comment lorsqu’un peuple est livré à lui-même, il trouve toujours et encore la force de survivre aux logiques impérialistes de la Françafrique…

La Françafrique. Vaste et obscur sujet s‘il en est. Nicolas Charbonneau a voyagé dans plusieurs pays d’Afrique, notamment au Burkina Faso puis au Niger, où il s’est engagé au sein du collectif « Areva ne fera pas la loi au Niger ». Il va rencontrer des populations, discuter avec les étudiants devant la fac de Niamey… Son récit des consciences, des sentiments de révolte ou de rancœur qui existent chez les jeunes ou dans l’opposition du pays, indépendant depuis 1960, nous convainc    d’une chose : l’insupportable en Afrique a d’abord des causes politiques.

Des causes politiques

Pour assurer à des entreprises françaises comme Total, Areva, Rougier, Bouygues,…un accès total et opaque aux marchés et ressources naturelles, les méthodes ont pullulé : validation d’élections truquées (Abdel Aziz en Mauritanie, Compaoré au Burkina, etc.), dévoiement de l’aide publique au développement, complicité envers le détournement de l’argent du pétrole, du bois, du diamant,... par quelques chefs d’état devenus milliardaires : Paul Biya au Cameroun, Ali Bongo au Gabon, Denis Sassou N’Guesso au Congo,... Jusqu’au plus abject des crimes qu’a représenté la vente d’armes à des pays en guerre, en échange d’uranium  dans l’Afrique du Sud de l’Apartheid, au Rwanda en 1994,…

Si aujourd’hui, le français n°1 mondial du nucléaire civil Areva ( CA  de 9 Ma € en 2012, Bénéfices  de 800 M € par an ) épuise sans retenue le sol nigérien, que près d’un tiers des lampes françaises s’éclaire grâce au Niger, sa population est toujours au dernier rang mondial en terme d’IDH (indice de développement humain).  Et le pays doit importer sa propre électricité depuis le Nigeria !

France à fric

africando

Alors on se rappelle les promesses du candidat Sarkozy pendant sa campagne de 2007 : une rupture  avec la politique africaine de ses prédécesseurs, dénonçant le soutient aux dictatures, la diplomatie secrète ou encore le détournement de l’aide au développement, bref, la Françafrique. Pourtant, au regard des actes entrepris depuis, le bilan fait grincer des dents… Il y eut d’abord l’affreux discours de Dakar (« le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire... »). Et puis avec la fin du moratoire sur Tchernobyl, en pleine course à l’uranium, Areva a fait la sourde oreille au protestations nigériennes et augmenté massivement son exploitation. Derrière les contrats juteux, des noms ont filtré : avocats, hommes d’affaires, Bruno Joubert, le monsieur « Afrique de l’Elysée », Patrick Balkany, le député-maire de Levallois-Perret, intime du président,…En 2009, lors de sa visite en RD Congo, Nicolas Sarkozy négociait un contrat permettant à Areva de prospecter et d’ exploiter l’uranium n’importe ou sur l’ensemble du territoire, domaine jusqu’alors réservé à l’Etat. Du jamais vu ! 

Après l’île de Gorée…

Terminant son intervention par un slam engagé contre la Françafrique, Nicolas Charbonneau a rappelé la triple catastrophe que représente la main mise du nucléaire français en Afrique. Environnementale: par la pollution de l’air et de l’eau. Sanitaire: par la contamination de toutes les ferrailles recyclées de la prospection nucléaire. Enfin et surtout sociale : par la misère entretenue en silence de toutes ces populations nouvellement esclaves d’Afrique, coincées entre dirigeants déconnectés et industriels aveugles, privées d’espérances futures par la reproduction de schémas coloniaux. Areva au Niger et au Congo, Total au Gabon, … « Après l’île de Gorée, c’est Bouygues et Bolloré. » Mais au fait, qui a tué Thomas Sankara ? 

Jolan Zaparty

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