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29 mars 2012

Rude boys !

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Musique. Où on a parlé de ska, d’euthanasie et de skinheads jamaïquains avec Les 100 Grammes de Têtes.


Ils ont joué avec les plus grands artistes jamaïquains, Max Romeo, The skatalites, Toots and the Maytals,… On les a vus aux côtés de Zebda, des Motivés ou de Massilia Sound System,… Groupe majeur de la scène française ska reggae, Les 100 Grammes de Têtes reviennent en 2012 avec un nouvel album : « Good Stuff ». Rencontre avec Alex, le claviériste du groupe.

TC : Pouvez-vous nous présenter le groupe, nous faire un résumé de votre parcours?

Les 100 Grammes de Têtes existent depuis 15 ans. Nous sommes tous des catalans d’adoption ou d’origine, rencontrés autour de Perpignan. En 2000, on enregistre « Qui Ska ? », le premier album distribué nationalement. Viennent Tit Jamaïque (2002), Trafic d’influences (2003) puis Reload (2006). Et puis comment résumer tout le reste ? On a beaucoup voyagé, en France, en Allemagne, un peu partout en Europe,… Dans les îles aussi : à Mayotte, la Réunion…

 TC : Dans quel état d’esprit avez-vous monté ce 5ème album, « Good Stuff »  ?

L’album était prêt depuis un an, mais quelques difficultés financières ont retardé la sortie... Pour le morceau « Père fille et haine » par exemple, on l’avait écrit pour l’élection présidentielle de 2007. D’abord diffusé gratuitement sur Internet, l’idée était que les 100 grammes avait leur mot à dire sur cette campagne, un avertissement pout éviter que 2002 ne se reproduise.

Dans cet album, on a d’autres morceaux assez politiques comme «YSOKRAS» ou « Putain de sort » qui traite de l’euthanasie. D’ailleurs, quand j’ai entendu Mélenchon parler à la Bastille du droit à l’euthanasie, je me suit dit :  « oh !, il suit notre programme ! ». On a aussi des morceaux plus légers comme « La nit es nostra », un morceau de ska en langue catalane.... Le disque est produit sur le label Crash disques, (Béruriers Noir, Sergent Garcia,…), enregistré au studio perpignanais Record it.

goodstuffaffiche20x60TC : Votre musique est un mélange de ska, de reggae jamaïquain, mais aussi de jazz, de R’n’B,… Jusqu’où s’étendent vos racines musicales ? 

En 2006, sur le précédent album « Reload », on a fait un morceau qui s’appellait « Manapany », créé à la Réunion. C’était un mélange hybride entre le ska comme on l’entendait, et la rythmique du maloya, tel qu’il est joué là bas. Sur « Good Stuff », le morceau « Chérie » renvoie à des sonorités du Maghreb. Lors d’un voyage au Maroc, on a découvert un peu mieux ces rythmes qu’on a voulu mettre à notre sauce.

On a également des titres plus inscrits dans l’esprit « originel » des  100 Grammes : des instrumentaux ska sur « Burru », rocksteady sur « Are you ready ?»,… On fait aussi une incursion Soul avec « Keep On »,  un morceau à la mode des 60’s, James Brown. C’est notre identité : le mélange, l’ouverture aux autres. On a toujours été alternatifs et indépendants.   

 

TC : En avril 2011, votre musique était sur la bande-originale du documentaire « Le premier rasta ». Pouvez-vous nous parler de ce projet ?

Le premier rasta, c’est l’histoire de la première pensée altermondialiste. Un film politique et historique qui raconte comment, dans les années 1940, dans une Jamaïque soumise à l’Angleterre, Léonard Percival Howell fonde la première communauté rasta. Hélène Lee, la réalisatrice du film qui est aussi écrivain et journaliste, connait bien la Jamaïque et ses musiques. Elle a été l’une des premières à interviewer Bob Marley en France, à fréquenter Alpha Blondy, Tiken Jah Fakoly,…

Nous nous étions rencontrés pour la première fois en 1999 et elle avait tout de suite adhéré à notre musique. Et puis début 2010, alors qu’elle cherchait quelques standards jamaïquains à inclure dans son documentaire, elle a repensé à nous. Finalement, elle a pioché trois de nos morceaux pour la B-O du film !

TC : Votre engagement à travers la musique ?

Au fil des albums,  on a toujours eu des textes engagés. Le ska est une musique de rebelle, humaniste. C’est une musique de tolérance et d’indépendance, celle de la Jamaïque en 1962. Avec le reggae, ce sont des musiques populaires. Dans les années 60, une population quitte les ghettos jamaïquains pour rejoindre ceux d’Angleterre et se mêler aux travailleurs blancs. Cette rencontre donnera naissance à un courant musical: le skinhead reggae en 1969 et, dix ans plus tard, à des groupes comme The Specials, Madness,..

Mais dans les années 80, il y eut l’émergence du British National Front, de ceux que l’on appelle aujourd’hui les « skinheads »,… Pourtant, ce mot a été galvaudé. Il désignait à la base les « rude boy » jamaïquains. Ces immigrés noirs au crâne rasé avaient ramenés avec eux leur musique et leur culture qu’ils partageaient avec les prolos blancs dans les quartiers populaires. C’est la récupération d’une mode et d’un look par des groupes fachos au travers des stades comme certains hooligans qui a perverti le sens du mot. C’est un peu le même fantasme d’une Marine Le Pen qui essaye aujourd’hui de tirer à elle le plus d’ouvriers possible…Nous, depuis 40 ans, on continue le combat. Nous voulons être des combattants citoyens.

TC : Vous serez à la fête du travailleur Catalan le 29 et 30 juin prochain. Que dire de ce rendez-vous ?

Cette année, on sera très heureux de retrouver les Toulousains de Zebda, que l’on connait bien et avec qui on a joué plusieurs fois. Ensuite, les fêtes comme celle du TC participent au retour des groupes engagés sur la scène française, quand ceux-ci sont  laissés de côté par certaines radios.

En attendant, avant qu’ils ne reprennent la route, ne manquez pas Les 100 Grammes de Têtes le 5 mai prochain à la Fnac Perpignan et le 11 mai au Elmediator, pour un gros concert accompagné de la projection du film « Le premier rasta ». 

J.Z.

 

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