Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Je vois rouge !
Publicité
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 14 526
Je vois rouge !
13 décembre 2011

A.A.A… Asservissement, Asphyxie, Anémie

aaa


















Agences de notation. Où l’on voit qu’on pourrait très bien se passer de ces grenouilles de l’économie qui ont surtout servi à développer une crise qu’elles n’ont pas voulu voir venir.

Anémie (du privatif an- et du grec ancien haimos, «sang»). On en entend parler depuis seulement quelque mois, mais les agences de notation semblent pourtant régenter le monde depuis toujours. Mais qui sont ces nouveaux chouchous médiatiques qui font la pluie et le beau temps sur toute l’Europe?

Historiquement, les agences de notation sont apparues aux Etats-Unis quand s’est développé le marché financier au XIXe siècle, avec le besoin croissant pour les banques et les actionnaires d’évaluer la solvabilité des entreprises. Les agences de notation en question sont dites financières, c'est-à-dire qu’elle sont des organismes chargés d'évaluer financièrement divers acteurs économiques, entreprises, Etats,…  aucun critère environnemental ou social ne rentrant en compte dans leur notation. Aujourd’hui, Standard and Poor’s, Moody’s et Fitch Ratings forment le «Big Three»: elles réalisent 94% du chiffre d’affaires de la profession. En ces temps de crise, elles disposent en outre d’une richesse inestimable: la crédibilité des marchés financiers à l’origine de leur création, ce «privilège» fragile que tout le monde aimerait posséder.

Asservissement et asphyxie

Face au ramdam médiatique autour du triple A, du AA+, du AB ou O positif, rappelons quelques vérités critiques sur les agences de notation elles-mêmes. D’abord, le caractère oligopolistique du secteur de la notation, où trois entreprises accaparent la quasi-totalité du marché. Ensuite, l’opacité des méthodes de notation: quelles sont les principales variables prises en compte pour juger de la solvabilité d’un État, d’une entreprise ou d’une banque? En outre, les agences ne sont même pas indépendantes financièrement. Si elles ne peuvent pas compter des banques au sein de leur actionnariat, au risque de décrédibiliser un jugement affiché comme «indépendant et objectif», elles n’en sont pas moins contrôlées par des grands groupes de holding, de médias, d’édition…

Les agences de notation sont par ailleurs loin d’être infaillibles. En 2001, Standard and Poor’s et Moody’s créditent la société Enron de la meilleure note en  «investissement». Quatre jours plus tard, la société déclare une faillite. En 2008, c’est la banque d’investissement multinationale Lehman Brothers qui est notée «A»… la veille de son effondrement! Dans le cas de la crise de la dette publique grecque, les dégradations successives des agences de notation, entre mai 2010 et octobre 2011, qui ont du même coup augmenté les taux d’intérêt auxquels le pays pouvait emprunter sur les marchés financiers, ne semblaient pas justifiés…Il n’empêche que leur décision entraîna une politique d’austérité intenable avec au final toujours la même victime: le peuple, culpabilisé puis saigné à blanc.

Eviter l’anémie70780217_p

Les agences de notation, qui échappent à tout contrôle démocratique, ne sont crédibles que parce que les marchés se fient à elles. En outre, le seul pouvoir qu’elles ont est celui que le politique veut bien leur laisser. Le Front de gauche n’est pas de ceux-là et propose de mettre au pas les agences de notation qui, en dégradant brutalement la notation des dettes ont déclenché des vents de panique partout dans le monde, aggravant une crise qu’elles n’ont par ailleurs pas été capables de prévoir. Comme l’écrit Jacques Généreux, économiste du Front de Gauche, dans son livre «Nous on peut» (p.106-107), «la menace d’une mauvaise note n’a d’effet désagréable que pour un pays qui reste ouvert à tous les mouvements de capitaux et qui persiste à se financer sur le marché international des capitaux. Or nous avons prévu la renationalisation du financement de la dette publique. (…) La mauvaise note éventuelle informera donc seulement les prêteurs du monde entier qu’il est peu recommandé de prêter de l’argent à un pays qui ne vous demande aucun prêt!». Mettons fin à cette mascarade ou les pays sont à la botte des entreprises de notation et de la finance. Comme le disait l’économiste et sociologue Max Weber, la vraie différence entre le petit pouvoir de l’argent et le grand pouvoir de l’Etat est «la possibilité de recourir à l’usage légitime de la force».

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité