L'appel d'air? Du vent!

Immigration. On l’entend encore trop souvent, que ce soit dans le discours populiste d’une Marine Le Pen, en sous-entendus nauséabonds dans les projets de «croisade»  d’un Claude Guéant ou au bar-PMU du coin après le demi de trop, la régularisation de tous les sans papiers occasionnerait un effet d’ «appel d’air». Quelques réalités de faits pour crever la baudruche et faire la peau à ce type de discours stigmatisant du pays-forteresse…

D’abord, brisons le mythe: les immigrés ne sont pas des personnes à l’affût des législations des différents pays pour vite se lancer dans l’aventure de la migration. Abandonner une partie des siens, s’engager dans un périple si dangereux qu’il en est mortel pour beaucoup d’entre eux, il faut de sacrées tripes… Ensuite, l’Histoire le montre, les opérations de régularisations massives faites ici et là en Europe (en Espagne, en Italie, au Portugal, en Grèce,…) n’ont pas provoqué de modifications conséquentes sur les flux migratoires, étant d’ailleurs, rappelons-le, dans leur écrasante majorité des flux sud-sud.

Les non-dits de la droite

Aussi, parmi les 200 000 migrants au total qui obtiennent un premier titre de séjour par an, il faut savoir qu’environ 100 000 repartent. Et oui, la stabilité administrative facilite les reconstructions de soi, individuelles et familiales. Elle permet à nombre de personne de pouvoir également reconstruire une situation sociale et professionnelle dans le pays d’origine.

Enfin, la grande majorité des travailleuses et travailleurs migrants sans papiers qui se trouve sur le sol français le sont depuis de nombreuses années. Ne pas les régulariser, ou exiger une certain nombre d’années de présence sur le territoire avant toute régularisation, ça revient ni plus ni moins à créer l’autre effet d’appel d’air interne: celui qui encourage le patronat à avoir recours au travail non déclaré.

La botte secrète (et puante) du libre marché

Que c’est pratique pour des entreprises peu scrupuleuses de disposer d’une main d’œuvre sans droits, piégée entre la peur de perdre son emploi et celle d’être expulsée. La formule a déjà fait ses preuves, le travail au noir représentant une part importante des infractions commises au code du travail (le travail dissimulé représente 75¨% des infractions commises). Et quand la machine  déraille et que le pouvoir en place risque d’être montré du doigt, pas de problème, l’hypocrisie et le cynisme fonctionnent à plein régime: la droite jette en pâture le beur du dessus, on stigmatise le noir du dessous, le voisin immigré qui pique le «boulot des français», … Tous ces inconscients qui nous feront perdre notre triple A!

Comme le disait déjà Jean-Pierre Dubois, ancien président de la Ligue des droits de l’homme, dans l’humanité du 29 juillet 2006, «La vérité est encore que le durcissement des législations relatives à l’entrée et au séjour des étrangers, partout en Europe, conduit non pas à faire baisser le nombre de sans-papiers mais à le faire croître, à fabriquer du sans-papiers à grande échelle, ce qui crée plus de misère et de racisme, tout en entretenant ce que ces législations prétendent combattre.», «La régularisation des sans-papiers est aujourd’hui une évidente nécessité (…)Elle ne créera en elle-même aucun «appel d’air», mais contribuera au contraire (…) à faire reculer le travail clandestin et à améliorer la situation financière de la Sécurité sociale.»

Recréer de la solidarité

Le Front de Gauche est aussi de cet avis et sait que la terrible crise que traverse le monde ne trouvera pas d’issue en se cherchant des bouc-émissaires. C’est pourquoi il propose de régulariser l’ensemble des personnes en situation administrative irrégulière afin de solder la situation laissée par la droite.  Pour déconstruire les préjugés et les idées reçues sur l’immigration, pour le respect du Droit d’asile, contre les expulsions, le racisme et les discriminations, signez l’Appel du Front de Gauche pour le respect des droits des migrant-e-s et contre le racisme:

http://www.placeaupeuple2012.fr/migrants/