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11 janvier 2012

Syrie(n) ne bouge...

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Moyen-Orient. En Syrie, l’armée régulière de Bachar el-Assad affronte dans le sang les groupes armés de soldats dissidents. En réponse à la mission d’observation de la Ligue arabe, la communauté internationale est sollicitée et, dans l’attente d’un dialogue entre un régime autoritaire et une opposition divisée, les morts s’accumulent.

Des allures de guerre civile

Vendredi dernier à Damas, un attentat suicide faisait 25 morts et plusieurs dizaines de blessés. Samedi, bilan tout aussi meurtrier. Dimanche, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme rapportait dix civils tués par les tirs des forces du régime, alors que de violents affrontements entre soldats et déserteurs auraient fait 11 morts dans les rangs de l'armée régulière,… Et toujours la confusion dans la presse internationale, entre les informations officielles qui dénoncent l’action de «terroristes» proches d’Al-Qaïda et une opposition qui parle elle de manipulation du régime de Bachar El Assad.

Depuis que la contestation a débuté à la mi-mars 2011, la situation en Syrie prend de plus en plus des allures de guerre civile entre une armée régulière, fidèle au président, et des soldats dissidents ayant notamment rejoint l’autoproclamée «Armée syrienne libre», groupe d’opposition armée. Comme le disait dans l’Humanité du 3 décembre Michel Kilo, personnalité reconnue de l’opposition, emprisonnée à plusieurs reprises, la crise semble s’installer durablement dans une sorte d’ équilibre entre «un régime qui n’a pas les forces suffisantes pour empêcher les gens de descendre dans la rue. Mais les gens n’ont pas la force nécessaire pour faire tomber le régime.»

Les observateurs de la Ligue arabe, une initiative louable mais controversée

Alors que La Ligue arabe étudiait  dimanche au Caire le premier rapport des observateurs, et se prononçait pour la poursuite et le renforcement de leur mission, prévoyant en premier lieu l’arrêt des violences, leur action suscite toujours la polémique dans l’opposition. De vives critiques émanent chez certains qui parlent d’ un «échec», dénonçant l'inefficacité de l’opération et  une complaisance de la Ligue arabe avec le régime de Bachar al-Assad. Dans le même temps, les appels se multiplient pour que le dossier syrien soit transféré à l'ONU et bénéficie du «soutien politique et légal de la communauté internationale».

Une division de l’opposition
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Pour Michel Kilo, la confusion est d’autant plus grande que les forces de l’opposition ne s’expriment pas encore d’une seule et même voix, entre les forces internes du pays, comme les comités locaux, les forces externes tel que le Conseil National Syrien (CNS) ou l’ autre grande organisation de l’opposition qu’est le Comité national pour le changement démocratique en Syrie (CNCD),… Quand le CNS proposait l’ «internationalisation» du conflit via l’intervention militaire (création de zones tampons sous la protection maritime et aérienne),  Michel Kilo soutient que «travailler à une intervention extérieure, c’est travailler à la destruction de la Syrie», assurant que les Syriens, y compris ceux qui ont été emprisonnés ou ont subi des torture, sont massivement contre toute intervention militaire. Pour Michel Kilo, le CNS se considère comme la seule formation de l’opposition et refuse la formation d’un comité pour diriger le travail commun des différents groupes de l’opposition. «Certains demandent un nouveau pas vers une représentation qui unit l’opposition à l’intérieur et celle de l’extérieur.»

Des enjeux de taille, des propositions multiples

La crise est profonde et complexe dans ce pays situé au cœur du Moyen-Orient, aux frontières de l'Irak, du Liban, d'Israël, de la Turquie et de l'Iran. Si les enjeux économiques et politiques du conflit Syrien peuvent susciter les scénarios les plus fous au sein de la communauté Internationale, viennent d’abord les propositions avancées par les principaux intéressés pour sortir le pays de l’impasse.

Pour une partie de l’opposition, le pays doit passer par une phase de transition: une rencontre avec le pouvoir et ses éléments les plus enclins au dialogue pour fixer les thèmes essentiels à traiter,  trouver ensemble les moyens de résoudre le conflit et créer un régime transitoire, en attendant un régime démocratique. De son côté, Bachar El-Assad a affirmé mardi dernier lors de son allocution à la télévision officielle faire de la sécurité dans le pays sa «priorité absolue» en combattant les «terroristes». Mettant en cause des «parties régionales et internationales» qui cherchent à «déstabiliser» le pays, il a assuré gouverner «avec la volonté du peuple». Pour renforcer cette idée, il a ainsi annoncé la tenue d'un référendum populaire sur une nouvelle Constitution «la première semaine de mars», une fois que «la commission sur la nouvelle Constitution aura terminé ses travaux».  Le gouvernement insiste sur le respect de sa souveraineté dans la résolution des problèmes nationaux. Et Michel Kilo de remarquer: «Il y a des gens au sein du régime qui disent qu’il faut penser maintenant à d’autres solutions que la répression».

Souhaitons lui d’avoir raison afin que viennent sans tarder des ciels moins rouges pour le peuple syrien, «montreur de conduite» du Moyen-Orient selon l’expression de Samir Kassir, homme de gauche et grand journaliste libano-palestinien-syrien assassiné en 2005 par les services spéciaux du régime. Pour la communauté internationale, sans doute faut il prendre garde à ne pas endosser prématurément le costume du gendarme. Reste qu’en attendant un dialogue potentiellement salutaire entre dirigeants et opposition, le système Bachar al-Assad  répond œil pour œil, dent pour dent. Et alors peut importe les idéaux, les conflits d’intérêts ou les drapeaux…Quand les armes  parlent, les hommes tombent et c’est toujours l’Humanité qu’on assassine.

J. Z.

 

Complément d'info: Gilles Jacquiers, un journaliste de France 2, reporter de guerre reconnu (ayant notamment couvert l'Irak, l'Afghanistan, le Kosovo, le conflit israëlo-palestinien...) tué ce mercredi alors qu'il se trouvait en reportage à Homs, dans le centre de la Syrie.

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